9 mois. C’est le temps qu’il m’aura fallu pour faire fonctionner à nouveau ma boussole.
Alors bien sûr, je suis bien tentée de vous parler de la pandémie, qui est venue s’immiscer dans mes plans, et surtout dans ma tête, pour paralyser parfois mon corps. Mais c’est une émotion à ce point universelle, qu’il n’est pas nécessaire d’y mettre des mots, je crois.
Je vais plutôt vous parler de ce qu’il m’aura fallu, enfin, pour épurer ma pensée, me délester de mon immobilisme et retrouver mon cap.
Forcément, je vais vous parler du Pourquoi. Si vous êtes familier du développement personnel, de l’introspection ou de la quête de soi, qu’importe le nom que l’on donne à cette démarche, alors vous savez. Pour les autres, je vais tenter en quelques lignes, de vous en dévoiler l’essence.
Le Pourquoi, vient d’une notion très simple, qui serait, « au fond, pourquoi fait-on ce que l’on fait dans la vie ? », autrement dit, quel est notre moteur profond, quelle est notre mission de vie. Cette mission, on la trouve généralement après avoir fait un réel travail d’introspection et de vérité vis-à-vis de soi, de ses aspirations, de ses potentiels… et enfin, comme une évidence, on réalise que notre pourquoi, qui se manifestait jusqu’alors comme une intuition, à la voix frêle et timide, qui faisait parfois frissonner notre ventre (le fameux gut feeling…), semble être une évidence, de laquelle on ne peut plus détourner le regard.
Ce pourquoi, je l’ai trouvé au cours de l’année 2019, qui a été à la fois la plus dure et la plus enrichissante de ma vie. Elle m’a à ce point sortie de ma zone de confort, qu’il m’a fallu partir à la rencontre de moi-même, comme pour me reconnecter avec celle que je n’avais finalement jamais vraiment bien connue, sous les couches et les couches de croyances, de codes et d’ajustements que la société nous amène à embrasser.
Alors j’ai opéré des changements, je n’ai pas eu d’autres choix que de l’assumer, ce pourquoi. Maintenant que je savais ce qui me plongeait dans cet état de flow, ce qui me permettait de m’épanouir, de me sentir au bon endroit… je ne pouvais plus détourner le regard.
C’est dans ce contexte qu’est donc né Manyfest.
Et puis dans la vie, il vous arrive d’égarer même les choses les plus précieuses. Même les évidences sont parfois étouffées par le bruit des exigences du quotidien et des doutes. Les boussoles peuvent être égarées, et … comment alors retrouver le bon chemin ?
Un jour, ma thérapeute m’a donné la métaphore d’une jungle et m’a expliqué que ceux qui choisissent de créer un nouveau chemin, le leur, à travers le brouhaha des arbres et des feuillages, (à l’inverse de ceux qui optent pour le sentier déjà tracé et balisé), prenaient forcément plus de temps, se perdaient parfois, faisait des détours infructueux, revenaient ensuite, déployaient tant d’efforts pour déblayer, couper, repousser… pour trouver, peut-être enfin, leur lieu d’idéal.
Cette image ne m’a jamais quittée.
J’ai compris que cela faisait partie du processus de réussite (qui ici, incarne la création d’un chemin nouveau), de s’égarer un peu, de tâtonner, de défaire et de réinventer.
C’est dans l’acceptation de ce processus, que j’ai fait un premier pas vers ma boussole égarée.
Puis, petit à petit, en faisait de la place pour écouter, en réduisant le bruit (des réseaux sociaux par exemple, des autres, des médias, de mes incertitudes…) mon pourquoi s’est petit à petit fait entendre à nouveau.
Je me suis notamment souvenue d’un des éléments qui le constitue et qui fait naître chez moi une force d’action incroyable. C’est celui de la responsabilité. Je me suis toujours dit, malgré le bon nombre d’épreuves qui ont été les miennes, que j’avais quand même beaucoup de chance. D’être née où j’étais née, d’avoir eu les parents que j’ai eus, d’avoir eu accès à une éducation si riche, à une ouverture sur le monde, à des moyens financiers, qui m’ont permis de me former, de recommencer, de voyager, de déménager… D’être souvent là où tout se passe, d’avoir accès à des personnes brillantes, à des livres précieux, à des oreilles attentives…
Et vis-à-vis de tous ces privilèges, j’ai toujours ressenti une volonté très forte de transmettre, une responsabilité de le faire même. Pour tous ceux qui n’ont pas ces espaces, familiaux ou sociaux, de dialogue et de liberté.
C’est ce qui m’a fait revenir ici.
C’est ce qui me donne envie de dépasser mes doutes, ma peur d’être imparfaite, ma peur d’être jugée et les diktats (que je m’inflige volontiers) du « fais mieux et plus vite ».
J’ai retrouvé ma boussole. Elle dysfonctionne encore un peu, me joue des tours, confond parfois le nord et le sud, mais je m’en accommode. Je suis dans cette jungle, j’avance, à la recherche de mon lieu idéal, à la trajectoire fluctuante et enfin je l’accepte.