Non-sentiment de légitimité, syndrome de l’imposteur… ce sont des termes que l’on entend souvent. Quand on y pense ce sont des sentiments assez universels finalement, que l’on a tous ressenti au moins une fois, surtout lorsque l’on a tendance à avoir une approche plutôt « autodidacte » et/ou un profil polyvalent. J’ai même l’impression que c’est un sentiment d’autant plus présent au sein de notre génération (les Y et les Z), qui avons grandi avec les tutos youtube, les formations en ligne, les MOOC, les e-books et qui, in fine avons des trajectoires de vie, notamment sur le plan professionnel, plus sinueuses, en dehors des codes habituels.

Quand dans le modèle précédent, celui de nos parents par exemple, la légitimité avait tendance à s’acquérir par les études ou l’héritage familial, on constate qu’aujourd’hui les choses sont un peu différentes. L’émergence de nouveaux métiers du numérique, qui n’ont pas encore énormément de cadre ou de parcours type, les carrières plurielles faites de reconversions et de formations au long court ou encore les profus dits “slasheurs”, font que certains se retrouvent parfois tiraillés par un sentiment d’illégitimité. 

Lorsque j’ai fait Gold Up courant 2019 (un bootcamp pour entrepreneurEs by The Family), j’ai discuté de ce sujet avec le directeur pédagogique de Lion, une école sur l’entrepreneuriat, « qui transmet les outils, techniques et méthodes inédites des entreprises les plus innovantes ». Il m’expliquait que c’était un sentiment, au delà même de la génération, qui se retrouvait beaucoup chez les femmes. Chez Lion, mais aussi chez The Family c’est quelque chose qui, visiblement, se vérifiait très régulièrement. 

C’est à dire que même dans le milieu des startups et de l’entrepreneuriat, qui est déjà une vraie jungle, les femmes partent avec un handicap supplémentaire. Sympa. 

Et puis nous avons continué à discuter, je lui ai parlé de Manyfest, le média que j’ai créé, pour inspirer toute une génération, de ma ligne éditoriale, de mon approche et de ma vision.

Et puis nous sommes revenus à ce sujet de la légitimité, car je pense qu’inconsciemment je cherchais moi-même une validation et une sorte de réassurance sur ma légitimité à lancer ce projet justement. 

Et c’est là qu’il m’a dit quelque chose d’extrêmement juste. 

Il m’a dit : « tu sais, après tout, l’essence de la légitimité c’est l’authenticité. L’honnêteté de la démarche et la faculté à dire, ok, voici ma proposition sur tel ou tel sujet ».

Cette phrase a continué à faire son chemin dans ma tête pendant plusieurs jours. Souvent bloquée par mon sur-perfectionnisme et cette peur paralysante liée au sentiment d’illégitimité, elle avait fait naître chez moi une vraie réflexion.

C’est vrai, quand on y pense, vraiment, qu’est-ce que la légitimité sinon l’honnêteté ? L’honnêteté de s’emparer d’un sujet, d’un projet, d’une entreprise, d’une cause…qu’importe, en assumant le discours suivant : ” que je sois expert ou non, voici l’approche que je propose. Voici ma valeur ajoutée. Voici ma proposition.”

Ça me semble plutôt évident maintenant, mais il est vrai qu’en abordant cette posture, on se met non seulement à l’abri de ses propres doutes, mais aussi à l’abri des possibles critiques ou jugements d’autrui. On devient quasiment intouchable. Et oui, comment attaquer quelqu’un ou remettre en cause sa légitimité à entreprendre telle ou telle chose, lorsqu’il adopte un discours aussi humble que « je vous propose simplement une option, la mienne, celle qui me ressemble. Vous êtes libre d’y adhérer. »

C’est fou, je n’avais jamais vraiment abordé les choses sous cet angle et tant de fois je me suis laissée gagnée par la peur d’être jugée illégitime.

Conséquence ? l’immobilisme. 

Ça fait du bien de se libérer petit à petit de ce piège. 

Et puis quand on parle de légitimité, il y a un autre point qui me semble important à soulever, et ça pour le coup c’est quelque chose que j’ai appris avec le programme Fais le Bilan de Switch Collective, c’est la notion de « talents ».

Il y a une grande part du programme dédiée à l’introspection (toute la première partie) qui permet de mieux se connaître et de faire le point sur ses valeurs, ses besoins, ses aspirations et puis aussi, ses « super-pouvoirs » ou « talents ». Un véritable exercice d’exploration de soi mais aussi de lucidité : être capable de voir non pas seulement ses faiblesses et points faibles (qu’on nous a mis en lumière depuis tout petits, et sur lesquels on nous a encouragé à travailler afin de les gommer) mais aussi et surtout sur nos points forts.

C’est vrai que, en tous cas en France, on nous a souvent répété qu’il fallait être complet, ne pas avoir de lacunes et travailler fort pour gommer nos points faibles ; plutôt que de chercher à renforcer nos talents. Il faut être « dans la moyenne ». Par exemple, pendant toute ma scolarité, j’ai cherché à me perfectionner en maths alors que je n’aimais pas du tout ça, pour réussir à atteindre un niveau moyen/+, plutôt que de chercher à devenir excellente dans les matières littéraires dans lesquelles j’étais déjà très douée. 

Maintenant que j’ai initié une réflexion sur cette notion de super-pouvoirs, j’avoue que ça me semble absurde d’avoir été invitée à penser de cette façon si longtemps. 

C’est fou à quel point, par peur de paraître arrogant notamment, on ne nous a pas appris à assumer nos préférences et nos talents. À quel point on ne nous a pas appris à dire « je suis douée dans ce domaine, j’aime ce domaine et j’ai une valeur ajoutée à apporter dans ce domaine », sans que ça ne soit perçu comme un trop plein d’assurance. 

Je pense qu’il y a un vrai travail d’état d’esprit à faire là-dessus.

Et ce travail il passe par 3 étapes : 

  1. Mieux se connaître 
  2. Identifier ses talents et super-pouvoirs 
  3. Les assumer

Trois étapes qui, au delà d’aider à trouver sa place dans ce monde, permettent, selon moi, à chacun de s’exprimer en toute liberté et surtout sans toute cette appréhension vis à vis du jugement des autres ou de soi-même sur la légitimité à aborder certains sujets. 

On y revient souvent, mais la liberté d’être soi, pleinement, est peut-être la chose que j’ai le plus envie de vous transmettre (et de me rappeler par la même occasion) avec Manyfest. Alors je vous invite vivement à faire ce petit travail en 3 étapes.